top of page
Rechercher
  • tdhs-unige

Éducation au Pérou : état des lieux


Le Pérou, pays d’Amérique du Sud d’environ 32 millions d’habitant⋅e⋅s, s’est classé 65ème sur 79 dans une dernière étude internationale sur le niveau d’instruction de jeunes de 15 ans. Si, en comparaison internationale, les résultats montrent un niveau peu encourageant, la situation à l’intérieur du pays varie en fonction des régions et du niveau économique. Qu’en est-il alors de la situation concrète des enfants dans cet État et de leurs droits à une éducation ?


Situation géographique, politique et légale

Le Pérou est le troisième État d’Amérique du Sud en termes de superficie, derrière le Brésil et l’Argentine. Il se divise en trois grandes régions : la plaine côtière, les Andes et les terres amazoniennes. De grandes inégalités frappent différemment ces régions, et les enfants en particulier.

En 2022, le Pérou, qui compte environ 32 millions d’habitant⋅e⋅s, est une république présidentielle. À sa tête, il y a Pedro Castillo, du parti Perú Libre (gauche radicale) et Aníbal Torres, président du Conseil des ministres, sans parti. Le système prévoit une séparation des pouvoirs entre le pouvoir exécutif (détenu par la gauche), le pouvoir législatif (dominé majoritairement par la droite) et le pouvoir judiciaire. Selon Transparency International, le Pérou est fragilisé par un taux particulièrement élevé de corruption, le classant à la 105ème place sur 180 à ce niveau.

En ce qui concerne le droit international, l’article 28 de la Convention relative aux droits de l’enfant dispose que les États parties reconnaissent le droit de l’enfant à bénéficier d’une éducation. Il prévoit également une instruction gratuite et obligatoire pour tout.e.s, ainsi que diverses formes d’enseignements secondaires gratuites et d’aides financières.

Dans le cas du Pérou, l’instruction est obligatoire de 6 à 12 ans, et peut être précédée de trois ans d’école maternelle non obligatoire. On y trouve des écoles publiques et privées, mais l’enseignement est supposé être gratuit. Selon l’Association Los Chicos de Cusco, la situation serait, en réalité, plus compliquée que cela. En effet, de nombreuses charges incomberaient aux familles : uniforme, cotisation à l’association des parents d’élèves, matériel informatique, rémunération de certain.e.s membres du personnel, matériel d’entretien des infrastructures, voire celui des enseignante⋅s. Ainsi, de nombreuses familles modestes ne peuvent pas, ou plus, envoyer leurs enfants à l’école par manque de moyens, malgré la gratuité théorique de l’instruction.


Niveau éducatif et scolaire

En termes de niveau éducatif et scolaire, le Pérou s’est classé 65ème sur 79 dans la dernière étude PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) de 2018. Cette dernière teste les jeunes de 15 ans à travers le monde en lecture, en sciences et en mathématiques. Elle permet de mettre en lumière les différentes inégalités qui frappent ce pays d’Amérique latine au sein de son territoire : les territoires ruraux souffrent d’autant plus de ces dernières. Le niveau global de l’éducation est en progression, mais principalement en ville, en raison de l’exode rural. En campagne, les écoles se trouvent souvent loin des lieux d’habitation des enfants et ces derniers doivent souvent travailler avec leurs familles. De plus, le bilinguisme - le Pérou compte trois langues officielles, l’espagnol et deux langues autochtones, à savoir le quechua et l’aymara - n'est pas opérationnel efficacement partout, ce qui rend l’apprentissage difficile pour les enfants autochtones ne maîtrisant pas l’espagnol.

Le programme scolaire est défini par le ministère de l’Éducation et comporte différentes matières comme l’espagnol (communication), l’anglais, les mathématiques, les sciences et la religion (optionnelle pour les non-catholiques). Certains cours ne sont pas assurés dans les zones rurales par manque de personnel. Ensuite, les écoles sont tributaires des résultats des élèves en ce qui concerne leur réputation. Pour jouir d'une bonne réputation, elles gonflent artificiellement les notes attribuées aux élèves, afin de relever le niveau général de l'école. Cette manœuvre s’effectue par une corruption du corps professoral, voire par une demande directe de ce dernier auprès des parents.

Des inégalités de genre s’observent également au Pérou. Selon Antipode, les filles n’ont pas les mêmes chances en termes d’accès à l’instruction. Les familles aux moyens limités favorisent l’envoi à l’école des garçons, au détriment des filles. De plus, le niveau limité d’éducation sexuelle peut amener les jeunes adolescentes enceintes à devoir abandonner l’école secondaire. En effet, elles doivent dès lors trouver un emploi leur permettant d’élever leur enfant, mais au détriment de leur instruction générale.

Enfin, le niveau éducatif de chaque école est dépendant du niveau de développement global de la région. Plus les infrastructures sont performantes, plus les ressources pour chaque enfant sont assurées, d’un point de vue théorique tout du moins.


Terre des Hommes Suisse au Pérou

L’association Terre des Hommes Suisse (TdH Suisse) est active au Pérou depuis de nombreuses années et participe au renforcement des droits des enfants dans ce pays, en collaboration avec des associations locales.

Durant la période de COVID-19, TdH Suisse a dû faire preuve de créativité pour maintenir le droit à l’éducation pour les jeunes. Dans la région de Cusco, grâce aux classes virtuelles, le corps professoral restait en contact avec les élèves, malgré la distance. Le lien étant maintenu, les enfants continuaient à pouvoir apprendre, tout en limitant leur isolement durant cette période d’incertitude.

En raison de la fracture numérique particulièrement élevée au Pérou, notamment dans les zones rurales, il était important d’assurer un enseignement à tout enfant. Pour cela, TdH Suisse a utilisé la téléphonie mobile et a favorisé la consultation des élèves pour connaître leurs besoins et préoccupations. Les cours se déroulaient dès lors dans une ambiance chaleureuse et favorisaient l’apprentissage collectif. Ce cadre propice a permis aux enfants d’exprimer leurs émotions durant cette ère trouble.

Enfin, le ministère de l’Éducation péruvien a validé officiellement le système de messagerie instantanée développé par TdH Suisse durant la période de pandémie de COVID-19. Il en a cité les vertus et les professeur⋅e⋅s sont formé⋅e⋅s pour pouvoir maintenir ce système en cas de besoin.

Pour conclure, nous avons vu que des inégalités en matière d’éducation peuvent être constatées au Pérou, malgré des efforts consentis par les autorités et des associations comme TdH Suisse. Les jeunes filles sont particulièrement touchées et peuvent se voir priver du droit à une instruction complète. Dès lors, il est du rôle de tout à chacun d’agir de manière à ce que les droits des enfants et des jeunes soient pleinement réalisés, où qu’ils et elles résident.

Benjamin Rosenbaum, 31 octobre 2022


Références

Publications scientifiques

● Schleicher, A. (2019). PISA 2018: Insights and Interpretations. oecd Publishing.

Sites internet

Mieux connaître le Pérou, https://ecolesandines.com/fr/mieux-connaitre-le-perou/#:~:text=De%203%20%C3%A0%206%20ans,des%20%C3%A9coles%20priv%C3%A9es%20et%20publiques

● Our work in Peru, https://www.transparency.org/en/countries/peru

Texte de la Convention des droits de l’enfant, https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/1998/2055_2055_2055/fr

La messagerie instantanée au service de l’éducation à distance, https://terredeshommessuisse.ch/leducation-a-distance-experience-innovante-au-perou/ ● Photo d’illustration, https://www.pexels.com/fr-fr/photo/filles-en-vetements-de-couleurs-variees-3452236/

37 vues0 commentaire
Post: Blog2_Post
bottom of page