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Rituel de “pureté” lors de la saison de l’excision

!! TW : cet article est susceptible d'évoquer des éléments choquants !!


Un rituel de passage de l'enfance vers l’adolescence, que mentionne aussi l’UN dans son agenda 2030 pour le développement durable, et qui concerne chaque année au moins 3 millions de fillettes dont la plupart vit en Afrique et au Moyen Orient. L’ONU estime que toutes les quatre minutes dans le monde une petite fille devient victime de ce rituel. Ce rituel est prend le nom d’excision ou de mutilation génitale féminine (mgf).


Mais qu’est-ce que c’est l’excision exactement ? Selon la définition de l’UNICEF, l’excision signifie que l’on entaille, gratte ou coupe le capuchon clitoridien ou que l’on procède à l’ablation entière ou partielle des grandes et des petites lèvres – au moyen de couteaux, de lames de rasoir, de tessons et d’autres objets tranchants, souvent sales, sans anesthésie. La définition seule nous suffit à essayer d’imaginer à quel point les filles souffrent pendant et après l’excision.

En fait, c’est en général pratiquée de façon illégale, car la plupart des pays désormais interdisent cette pratique douloureuse et contre les droits humains, réalisée par des personnes qui n’ont aucune qualification médicale.

Cela concerne surtout les filles de 7 à 15 ans. Il n’y a malheureusement aucun âge et parfois même les bébés peuvent être victimes de l’excision.


Pour comprendre la gravité de la situation, il faut connaître les conséquences de l’excision. Quant aux complications immédiates, elles peuvent être une douleur violente, choc, hémorragie, tétanos ou septicémie (infection bactérienne), rétention d'urine, ulcération génitale et lésion des tissus génitaux adjacents, voire le décès.

Pour ce qui concerne les complications à long terme, on peut s’attendre aux problèmes suivants: des problèmes urinaires, vaginaux, menstruels (règles douloureuses, difficultés d’écoulement du sang menstruel, etc.), des problèmes liés aux tissus cicatriciels et aux chéloïdes, des problèmes psychologiques (dépression, anxiété, stress post-traumatique, faible estime de soi, etc.), des problèmes sexuels (douleur pendant les rapports sexuels, diminution du plaisir sexuel, etc.), un risque accru de complications lors de l’accouchement (accouchement difficile, recours à la césarienne, nécessité de réanimer le nourrisson, etc.) et de décès des nouveau-né.e.s. Souvent, il y a également la nécessité de pratiquer ultérieurement des nouvelles opérations chirurgicales, mais qui ne suffisent pas pour améliorer la situation des filles excisées.

En réalité, l’origine de la pratique est inconnue. Certains spécialistes estiment qu’elle est présente dans les sociétés depuis plus de 2’000 ans; pour d’autres spécialistes elle remonte aux périodes d’avant la création des grandes religions monothéistes telles que le christianisme, l'islam et le judaïsme. Toutefois, aujourd’hui ce qui est sûr c’est que l’excision est pratiquée dans le monde entier et cela constitue une menace pour les fillettes vivant dans n’importe quel continent.


En revanche, pour les fillettes habitant hors d’Afrique, il y a une certaine période de l’année pour les exciser: les vacances scolaires.

Halitama Fofana, française originaire de Longjumeau, qui est excisée, porte son témoignage au micro d’Ambre Rosala. Dans ce programme de podcast, ellle raconte son moment d’excision pendant ses vacances scolaires lors de son premier voyage au Sénégal, d’où vient une partie de sa famille. Elle raconte le moment de l’excision avec les mots suivants: “J’ai cru que j’allais mourir. Je ne comprenais pas ce qu’on faisait et je me suis demandée ‘Mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça?’”. C’est après cette pratique que le cauchemar s’aggrave, surtout quand la fille excisée comprend qu’elle est toute seule face à ce trouble. Halitama Fofana exprime ce sentiment avec cette phrase: “La femme qui m’a mutilée dit à ma mère que tout s’était bien passé. Je comprends que ma mère savait, je comprends à ce moment là que je ne peux pas faire confiance aux gens qui me sont les plus proches, ceux qui sont censés me protéger ne l’ont pas fait. C'est eux qui m'ont infligé la souffrance et la douleur ultime”.

Vu que ce rituel est un tabou dans les sociétés où il est pratiqué, les filles excisées n’osent pas parler de leur expérience douloureuse. Cela devient un secret qu’il faut porter toute seule.


Toutefois, après les thérapies à la suite de sa dépression, Halitama décide de faire autrement: “J’ai compris aussi à travers l’acte de l’excision, c’est mon corps mais c’est à eux. Mon corps leur appartient. Par contre ta tête, c’est à toi. Tu peux lire, tu peux faire des choses pour sortir de là”. Halitama, qui a deux sœurs et trois frères, décide d’écrire un roman intitulé Mariama, l’écorchée vive, inspiré de son histoire. Dans ce roman, il est possible de percevoir le poids du tabou lorsque ses frères et ses sœurs (excisées aussi) ont appris qu’elle était excisée et ce qu’elle avait vécu pendant très longtemps.

Elle décrit sa souffrance comme suit: “Moi je dois vivre avec cette trace indélébile, je vais mourir avec cette trace donc j’essaye de vivre avec. C’est pas facile tous les jours et ça a totalement bouleversé ma vie”.

Après avoir fait recours à la chirurgie esthétique, selon elle, la réappropriation de son corps a été difficile. Elle n' a pas encore eu de sensation.


D’ailleurs, pour les filles en Afrique - ou dans d’autres pays où cette pratique est souvent utilisée - la situation est toujours similaire. Soit on les encourage et félicite avant et/ou après la mutilation, car la tradition fait croire aux femmes qu’en se faisant exciser elles vont être honorables, respectables et conformes aux normes, soit on leur dit que c’est la religion qui demande de se faire exciser alors qu’il n’existe dans aucun texte religieux une incitation à la mutilation sexuelle.


Une exciseuse à la République de Somaliland, où 97% des fillettes sont excisées, faisant partie des dernières au monde où il n’existe aucune loi punissant la mutilation génitale, raconte le processus de mutilation dans le programme télévisé de France24 et dit qu’elle reçoit beaucoup des demandes pendant les vacances scolaires: “Selon les jours, quatre, cinq jusqu’à sept fillettes. Il y a des familles qui lui disent qu’elles veulent respecter la tradition et elles payent bien: de quinze à dix-huit euros par fille; deux fois plus que pour celles d’ici.”.

Dans le quartier où elle se trouve, personne ne remet en cause cette tradition et tout le monde pense que cela sert à garantir l’honneur de femme et de la famille.

De plus, certains affirment ce qui suit: “Une fille pas cousue, on ne peut pas savoir si elle est vierge” et “c’est notre culture, ça vient de notre religion”.


Par contre, il y a des activistes qui travaillent avec les prêcheurs religieux et les ministères de la religion des pays africains pour sensibiliser les gens sur les conséquences graves de la mutilation et pour leur apprendre qu’en fait la religion ne demande pas cette pratique. À titre d’exemple, le ministère de la religion de la République de Somaliland a rédigé spécialement un fatwa qui condamne l'infibulation, la forme de mutilation la plus dangereuse.

Aussi, dans les centres médicaux, les médecins expliquent aux femmes excisées et aux filles risquant d’être excisées durant les consultations médicales l’excision et les dangers qu’elle implique.


Sur le plan mondial, l’UNICEF, l’OMS et d’autres organisations non-gouvernementales, ainsi que les gouvernements concernés, essaient d’empêcher cette pratique néfaste.

Selon l’ON), au cours des 25 dernières années la prévalence des mutilations génitales féminines a diminué dans le monde entier. Aujourd'hui, une fille a un tiers du risque de subir une MGF qu'il y a 30 ans.




Nur Banu Konuk



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