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Migration, éducation et travail infantile en Inde

En Inde, lorsque la migration interne est évoquée, les chiffres parlent d’eux-mêmes :un migrant sur 5 est un enfant. 28% de ces enfants sont issus de foyer de travailleurs saisonniers et estiment ne pas avoir eu une éducation primaire complète. Près de 40% d’entre eux cessent d’aller à l’école et travaillent pour aider leur famille financièrement.

Accès à l’éducation restreint


Les enfants issus des zones rurales font face à deux scénarios : accompagner leurs parents qui migrent en quête d’emploi ou rester dans leur village d’origine avec soit un parent, soit laissés à leur propre compte. Les enfants accompagnants leur parents dans les zones urbaines sont souvent contraints d’interrompre leur éducation. Selon le rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO (2019), « 8enfants migrants sur 10 vivants sur des chantiers dans sept villes indiennes n'ont pas accès à l'éducation. Parmi les jeunes qui ont grandi dans un foyer rural avec un migrant saisonnier, 28% se sont identifiés comme analphabètes ou ont eu une éducation primaire incomplète. Jusqu'à 40 % des enfants issus de ménages de migrants saisonniers sont susceptibles de se retrouver au travail plutôt qu'à l'école ». Dans le cas des migrations saisonnières, les enfants cessent d’aller à l’école pendant des périodes prolongées pouvant aller jusqu’à 5 mois. D’après le rapport de l’UNESCO (2016), les écoles ne fournissent pas de solutions adéquates aux enfants qui quittent leur village pendant la période saisonnière.

Cette inhabilité du système scolaire à s’adapter aux besoins d’enfants en déplacement impacte fortement leur niveau scolaire. En raison de la perte de leurs acquis, ces derniers finissent par stagner dans leur apprentissage. Que ce soit l’accès à l’éducation, aux soins ou à la protection, ces migrations internes privent les enfants de leurs droits fondamentaux. Il est toutefois important de noter qu’en Inde la loi de 2009 sur le droit à l’éducation garantit la scolarisation à tous les enfants âgés entre 6 et 14 ans. Elle constitue donc un pas en avant pour l’accès à l’éducation des enfants migrants.

Travail des enfants


L’Inde est l’un des pays où le travail infantile est le plus prévalant. Après avoir migrés vers une autre région et avoir été forcés à interrompre leur éducation, les enfants migrants sont souvent obligés de travailler afin d’aider leur famille à joindre les deux bouts. La loi sur la réglementation et l’interdiction du travail des enfants (1986) interdit de les employer dans les secteurs représentants un danger pour la vie et la santé et interdit d’engager ceux âgés de moins de 14 ans. Vingt-cinq ans plus tard, le recensement de la population (2011) indique que le travail infantile est notamment le plus répandu dans les états industrialisés de Gujarat, Maharashtra ou encore Tamil Nadu. Ces mêmes états accueillent la majorité de la migration interne. En dehors du domaine agricole, les enfants travaillent dans des secteurs variés tels que les mines, la construction, le commerce et les services. Dans les régions où ces secteurs sont moins développés, les enfants sont contraints à mendier, ramasser des déchets dans les décharges, et dans certains cas, font recours au vol afin de subvenir à leurs besoins. Plus récemment, en 2016, un amendement ultérieur à la loi a été adopté et a interdit toute forme de travail d’enfants, à l’exception des cas où ils travaillent dans l’entreprise familiale. Malgré les différentes améliorations au niveau législatif, la pauvreté contraint encore actuellement de nombreuses familles à interrompre l’éducation de leur enfant et les faire travailler afin d’avoir une source de revenu supplémentaire.



Photo de Timon Studler. A girl on a balcony. Janvier 2016.

Suleekha Abdille

07 avril 2022

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