Les indigènes du Brésil sont une minorité qui tentent quotidiennement de trouver un juste milieu entre l’adaptation à la civilisation et la préservation de leur culture. Nous retracerons, sur une centaine d’années, leur lutte pour un droit à un système d’éducation fédéral qui met en avant leur langue et valorise leurs coutumes.
VERONICA GOELZER
L’éducation
Terre des Hommes Suisse met en avant trois droits qui sont le droit à l’éducation, la protection et la participation. Dans cet article, nous allons nous intéresser spécifiquement au droit à l’éducation des enfants des populations indigènes du Brésil. Il est évident que l’accès à l’éducation est un droit essentiel et fondamental dont chaque enfant devrait bénéficier. Cependant, pour les enfants indigènes, avoir accès à une éducation comme celle que Terre des Hommes prône est une affaire compliquée; principalement dû au manque d’infrastructures et d’enseignants. L'éducation dont nous allons parler ici est bien plus que seulement l’éducation scolaire des enfants, c’est aussi l’apprentissage du portuguais, leurs langues spécifiques à chaque tribu, l’hygiène, et encore la formation à des métiers qui puissent être source de revenu pour les plus âgés.
Depuis la colonisation, les indigènes ont parcouru de longs combats pour avoir le droit à leur propre système d'éducation, qui prennent en compte leur langue et culture comme une partie de l’enseignement. Ils revendiquent un système d’éducation spécifique qui soit centré sur la nature et les coutumes des indigènes, pour continuer à raconter leur histoire. Plusieurs systèmes responsables de l’éducation des indigènes se sont succédé et aujourd’hui leur lutte est toujours d’actualité.
Les organisations fédérales
Auparavant, les jésuites et les missionnaires chrétiens commandaient l’éducation des populations autochtones. Leur volonté était de les civiliser à leur image : ils leur enseignaient le portuguais et la foi catholique, au détriment de leur dialectes et coutumes. C’était une véritable intégration forcée, auxquelles les indigènes s’opposaient fortement. Des révoltes et plusieurs organisations font pression et enfin, une décision est prise pour séparer la religion de l’éducation. C’est donc au début du vingtième siècle que la responsabilité de l’éducation des autochtones est déléguée au Service de Protection des Amérindiens (SPI). Aujourd'hui, cette tâche revient à la Fondation Nationale de l’Indien (FUNAI).
Quelques données
Si la population autochtone ne représente qu’une petite minorité au Brésil, elle ne peut être oubliée et doit être protégée. Une étude faite en 2010 par l’Institut Brésilien de Statistiques et de Géographie, compte plus de 896’917 autochtones, dont 305 peuples avec 274 langues parlées. Cette carte représente les terres brésiliennes indigènes officiellement délimitées en 2020.
L’étude de 2010 a aussi interrogé les indigènes âgés de plus de 5 ans, sur les langues parlées au sein de leur domicile. Cette question est intéressante car elle nous permet de mieux comprendre leur quotidien. Il en résulte qu’au total 76,9% des personnes parlent portuguais et 37,4% parlent leur langue indigène. Parmi les indigènes recensés, certains habitent encore leur terres indigènes natales, alors que d’autres non. Nous remarquons que ceux qui ne vivent plus sur les terres indigènes, sont ceux qui ont le plus perdu l’usage de leur langue native. Par manque d’enregistrement, de textes et de mémoire fait par les anciens du village, les langues natives sont en péril et pour les maintenir il faudrait avoir un système éducatif qui les mette en valeur et continue de les faire vivre.
Le nombre élevé de langues parlées est une barrière en plus pour un accès à l’éducation demandée par les indigènes. Pour les préserver, il faudrait des enseignants formés en éducation et dans les langues requises, ce qui est difficile à trouver et nécessite des formations spécialisées.
Un droit à une éducation indigène
La constitution brésilienne de 1988, marque un grand tournant pour les populations autochtones. Après avoir navigué sous plusieurs autorités, la constitution leur garantit explicitement le droit à une éducation différenciée de celle fédérale, prenant en compte les diversités linguistiques et culturelles des différentes communautés indigènes. Ces populations voient pour la première fois un droit garantissant leur terre originairement occupée, forme propre d’organisation sociale, langues, croyances et coutumes.
Évidemment, mettre en place un tel droit prend du temps et des ressources et c’est pour cela qu'aujourd'hui, les indigènes luttent toujours pour une meilleure mise en application du système. Nous pouvons retenir que la scolarisation et l’éducation des enfants indigènes est en train de s’améliorer avec le temps, tout en leur permettant de jouir de leur coutumes ainsi que d’une ouverture au monde.
Bibliographie :
Article, “À l’école en amazonie”, consulté le 06 avril
Site brésilien fédéral sur SPI, consulté le 06 avril
Image :
Site brésilien fédéral sur FUNAI, consulté le 06 avril
Site de l’Institut brésilien de statistiques et de géographie, consulté le 06 avril
Document provenant du site de l’Institut brésilien de statistiques et de géographie, consulté le 06 avril
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