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Les filles et le mariage forcé en Inde



En Inde, les droits de l’enfant ne sont pas toujours bien respectés. Le mariage forcé des jeunes filles en est un exemple. Malgré une diminution récente du nombre de mariage d’enfants, cette pratique persiste et impacte la vie de ces filles à jamais.



Jeune fille se préparant à sa cérémonie de mariage- Photo de Amit Dave. Mars 2012.



Quels sont les faits ?


En Inde le mariage de mineurs est pénalisé et interdit depuis 1929. Pourtant en 2006, 47% d’indiennes âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant leurs 18 ans. Dix ans plus tard, le pourcentage a diminué et est passé à 27,3%. Malgré cette réduction importante, cela représente tout de même environ 1 femme sur 4, âgée de 20 à 24 ans, mariée avant ses dix-huit ans.


Cette récente baisse du pourcentage de mariage d’enfants montre pourtant que cette pratique a longtemps été vue comme acceptable malgré son caractère illégal. En 2006, la loi s’est même endurcie pour les parents, souvent principaux instigateurs, et l’époux masculin souvent plus âgé. S’ils organisent le mariage d’enfants, ceux-ci risquent une peine de deux ans de prison. Cependant, la loi n’est pas très dissuasive et efficace. En effet, les fautifs payent la plupart du temps uniquement une amende et ne se voient pas contraints à passer ces deux ans de peine privative de liberté.



Malgré la baisse du mariage d’enfants, pourquoi de nombreuses indiennes en sont encore victimes ?


Le facteur principal est la pauvreté. Présente majoritairement dans les régions rurales, les familles indiennes aux revenus insuffisants font face à un manque de moyens financiers. Les filles sont alors considérées dès leur plus jeune âge comme un fardeau puisque lorsqu’elles se marient, elles ne sont plus d'aucune utilité pour la famille. Elles finissent par se retrouver entre les mains de leur belle-famille pour laquelle elles s’acquittent de la plupart des tâches ménagères.


À ceci, s’ajoute la dot. Aux premiers abords anodins, la dot est un présent de la famille de la mariée au marié. Cette tradition sociale permet de souder les liens du jeune couple et de leur donner une aide dans leur nouvelle vie. Habituellement, la dot est attribuée sous forme d’argent mais peut aussi être matérialisée par une parcelle de terre ou des bijoux.


Néanmoins, pour les familles pauvres la dot est un poids financier en plus. Ainsi, elles se retrouvent quasi forcées de marier leurs filles le plus tôt possible pour éviter que la dot devienne plus conséquente. Cette pratique traditionnelle finit donc par avoir des conséquences néfastes à terme.


En réaction, la dot finit par être interdite en Inde en 1961. Toutefois, malgré l’illégalité, la pratique persiste. Elle contribue à entretenir ainsi le mariage d’enfants, les pratiques barbares, la tutelle masculine et prive aussi l’accès à l’école des jeunes filles. En effet, les filles qui ne parviennent pas à payer la dot demandée sont harcelées, voire dans des cas extrêmes assassinées par leur belle-famille ou leur conjoint. De plus, dans les familles pauvres, les filles sont privées facilement d’éducation car la dot augmente en fonction du nombre d’années d’étude de l’enfant. En conclusion, la dot nuit gravement et porte atteinte aux droits de la Femme.


Quelles solutions pour y remédier ?


Aujourd’hui les femmes indiennes militent, s’éduquent et tentent de faire changer les mentalités et les pratiques sociales.

Au niveau de la légalité, les initiatives se multiplient. Les politiciens essayent d’augmenter l’âge légal minimum du mariage des indiennes. Les femmes pourraient se marier désormais à 21 au lieu de 18 ans. Cela permettrait d’éviter le mariage d’enfants et de réduire ainsi le taux de mortalité élevé des jeunes femmes à l’accouchement[1]. Cependant, un autre problème voit le jour: les indiennes sont souvent requises vierge à leur mariage. Ainsi, cette mesure retarde les relations sexuelles pour les femmes. Celles qui ne sont plus vierges à leur mariage sont dites déshonorées et comme le souligne Courrier international : « Leurs partenaires, eux, risqueront d’être accusés de viol ». Les autorités essayent de changer et de progresser au niveau de la justice mais les pratiques sociales compliquent les choses.

Enfin, les associations permettent aussi de faire prendre conscience aux jeunes filles de leurs droits et ainsi de s’émanciper, c’est le concept « d’empowerment » en anglais. C’est notamment le cas de Terres des Hommes Suisse qui, à travers la promotion du droit à l’éducation, permet aux enfants de connaître leurs droits, de rester plus longtemps à l’école et ainsi d’éviter des mariages et des grossesses précoces.




Laurène Chorand

22 avril 2022





Sources :


Courrier International. « En Inde, l’âge légal du mariage pour les jeunes filles pourrait être relevé ». 17 septembre 2020, https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/asie-en-inde-lage-legal-du-mariage-pour-les-jeunes-filles-pourrait-etre-releve

Global Citizen. « 9 raisons pour lesquelles les dots ont des effets néfastes sur les femmes ». 6 juin 2017, https://www.globalcitizen.org/fr/content/8-reasons-dowries-are-bad-for-women/


La Presse. « Net déclin des mariages d’enfants, notamment en Inde ». 6 mars 2018, https://www.lapresse.ca/international/201803/06/01-5156243-net-declin-des-mariages-denfants-notamment-en-inde.php

National Geographic. « Malgré l’interdiction, le mariage d’enfants se perpétue en Inde ». 20 avril 2018, https://www.nationalgeographic.fr/photographie/malgre-linterdiction-le-mariage-denfants-se-perpetue-en-inde

Our World in Date, Share of women who were married by age 18, 1993 to 2016,https://ourworldindata.org/grapher/women-married-by-age-18?tab=chart&country=~IND



UNICEF Global Database- Child Marriage (2016), https://ourworldindata.org/violence-against-rights-for-children#child-marriage



[1] En raison de son très jeune âge, une femme enceinte risque d’avoir une grossesse plus compliquée. Cela augmente in fine le taux de mortalité chez les jeunes indiennes.

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