La vie des enfants après le séisme de 2023 au Maroc
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Zacharie Lialé
Après le violent séisme qui a secoué la ville de Marrakech en 2023, un très grand nombre de personnes se sont retrouvées dans des conditions d'extrême précarité, en particulier les enfants qui en plus du traumatisme ont vu leur quotidien changer brutalement.
Beaucoup de marocains se souviennent encore de la nuit du 8 septembre 2023, nuit d'effroi et de désastre. Cette nuit-là, la ville de Marrakech et ses environs ont été secoués par un violent séisme qui a décrété une insomnie générale doublée d’une panique sans précédent. Le lendemain matin, les habitants constatent les dégâts dans la ville: tous les bâtiments anciens se trouvent fortement endommagés. Mais leur situation est moindre en comparaison à l’horreur que vivent les campagnards des douars environnants.
Loin des immeubles, des routes bien tracées et des véhicules omniprésents, se trouvent plusieurs habitations en ruines dans les creux des montagnes. C’est dans cette région montagneuse du Haouz que se trouve l’épicentre du séisme qui a fait près de 3000 morts et plus de 5000 blessés.
Avant le séisme, les bourgades de cette région étaient déjà peu développées. Les logements étaient archaïques, les conditions de vie rudes, et l'illettrisme battait son plein. Au lendemain du séisme, ce sont environ 530 structures éducatives (écoles et internats) qui ont été détruites selon les chiffres officiels[1]. Plongeant ainsi les enfants rescapés et sans domicile dans l’oisiveté totale. Cette situation a provoqué l’émoi et la compassion d’un grand nombre de personnes dans le royaume chérifien et dans la communauté internationale. Des aides financières et matérielles sont venues de tous lieux, les ONG et les bénévoles ont assaillis les zones touchées mettant ainsi de l’espoir dans les cœurs des campagnards.
Plus d’un an et demi passés, nous avons voulu connaître la situation des enfants qui ont survécu à la tragédie, savoir à quel point les aides leurs avaient été bénéfiques, et enfin quels sont leurs besoins actuels. Pour y parvenir, nous avons contacté une des ONG sur le terrain : le Comité d’Entraide International (CEI). Initialement dédiée à l’aide aux immigrants, cette ONG créée par les églises EEAM au Maroc s’est intensément investie auprès des sinistrés du Haouz. Nous avons rencontré la coordinatrice nationale qui nous a fait part de leurs actions et de celles d’autres organisations. Selon elle, la situation s’est beaucoup améliorée grâce à l’harmonisation des efforts entre les différentes organisations sur le terrain.
Le CEI et plusieurs autres associations ont mis en place des grandes tentes très solides afin de remplacer des bâtiments scolaires détruits. De nombreux logements provisoires ont aussi vu le jour au grand bonheur des habitants. Le CEI a également réalisé un camp d’apprentissage du français, de l’anglais et de l’écologie à travers la musique en collaboration avec l’université Al Akhawayn afin de former et de redonner de la joie aux enfants après la tragédie. Le projet le plus important qu’ils ont réalisé consistait à donner de l’eau dans un village de 21 familles déplacées où il n’y avait quasiment plus d’eau potable rendant les conditions de vie d’autant plus critiques. C’est d’ailleurs ce que nous a fait savoir la coordinatrice nationale de cette ONG qui n’a pas hésité à nous informer sur la situation.
“Quand j’y suis arrivé la première fois, le village avait été complètement détruit et il n’y avait pas d’eau potable. Après notre projet en collaboration avec High Atlas Foundation (HAF), j’y suis revenue et la situation avait véritablement changé. Nous avons mis en place un système qui permet d’avoir 4 réservoirs d’eau, un réservoir d’eau potable et trois autres destinés aux activités agricoles des paysans.” Damaris Kamaté, coordinatrice nationale du CEI
Tout le travail effectué jusqu’à présent a eu pour effet de booster la résilience des habitants et préserver l’éducation des enfants. Des enseignants quittent leurs familles à Marrakech pour aller travailler en campagne et n’y reviennent que pour y passer les week-ends.
Les efforts sont conjugués par plusieurs entités et plusieurs particuliers pour venir en aide aux habitants de cette région. Les travaux avancent de façon notoire, ravivant la lueur d'espoir chez les personnes sinistrées. Le quotidien des enfants s’améliore progressivement . Mais la restauration totale des villages n’est pas encore proche, il reste beaucoup de choses à faire pour les habitants et pour l’éducation de leurs enfants.
[1] Frédéric Bobin, « Séisme au Maroc : dans les villages détruits du Haut Atlas, « comment recommencer la vie ? » », 12 septembre 2023

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