La défense des droits humains face aux défis contemporains : bilan de la 60e session
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Kimberly Martins, 19 octobre 2025
Dans un monde ravagé par les conflits, les injustices et les crises multiples, la 60e session du Conseil des droits de l’homme, qui s’est tenue à Genève en septembre 2025, a résonné comme un appel urgent à la conscience collective. Dès l’ouverture de la session, le Haut-Commissaire Volker Türk a donné le ton en déclarant :
« La propagande de guerre est partout. Hélas, il n’y a pas de défilé pour la paix ».
Ce constat, glaçant mais lucide, a ouvert une session placée sous le signe de la vigilance, de la diplomatie, et de l’espoir fragile d’un avenir meilleur.
Créé en 2006, le Conseil des droits de l’homme, organe subsidiaire de l’Assemblée générale de l’ONU, incarne l’engagement international en faveur de la dignité humaine. Il offre une tribune aux États, ONG et experts pour débattre, dénoncer et formuler des recommandations face aux violations des droits fondamentaux. Bien qu’il ne puisse imposer de décisions contraignantes, il constitue un outil diplomatique central pour amorcer des enquêtes, recueillir des preuves et initier des réponses multilatérales.
La 60e session s’est distinguée par la diversité et la gravité des enjeux abordés : conflits armés internationaux et internes, disparitions forcées, violences sexuelles utilisées comme arme de guerre, inégalités de genre, personnes intersexes, accès restreint à la santé et à l’éducation… De nombreuses situations longtemps ignorées ou étouffées par les souverainetés nationales ont été portées à la lumière. Cette session a aussi mis l’accent sur des défis émergents comme la régulation juridique de l’espace, anticipant les enjeux éthiques et politiques des futures expansions humaines. En effet, la Outer Space Security conference a rappelé que plusieurs superpuissances spatiales, comme les États-Unis, la Russie et la Chine, ont annoncé leur intention de déployer des réacteurs nucléaires sur la Lune afin de soutenir des missions à long terme. Bien que présentés comme des dispositifs destinés à fournir de l’énergie à des installations scientifiques, ces infrastructures pourraient, à terme, servir de prétexte à des revendications territoriales, et donc à un exercice de juridiction sur certaines zones lunaires, en contradiction directe avec le droit international. La conférence a donc eu pour objectif de mettre en lumière les zones lacunaires du droit qui pourrait faire en sorte que le feu de nos conflits se propage à l’espace.
Pourtant, malgré la noirceur du tableau mondial, quelques lueurs d’espoir ont percé. À New York, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Déclaration sur la solution à deux États pour la Palestine, offrant une perspective, certes fragile, de résolution pacifique. À Genève, la célébration de la Journée internationale de la non-violence, en hommage à Gandhi, a rappelé que la paix ne résulte pas de l’absence de conflit, mais du choix actif de résister à la haine par la compassion.
Le thème central de cette journée, Prévenir les atteintes aux droits humains par l’éducation à la non-violence, a réaffirmé le rôle transformateur de l’éducation. Car les violations des droits humains ne naissent pas seulement dans les bombes ou les balles, mais bien plus tôt : dans la déshumanisation, dans l’érosion de l’empathie, dans l’enseignement de la division. Une éducation à la paix, fondée sur l’écoute, l’histoire partagée et l’empathie, devient alors le rempart le plus durable contre les conflits.
Pourtant, dans un monde où 468 millions d’enfants vivent en zones de conflit, ces idéaux peinent à devenir réalité. L’écart entre les textes fondateurs, comme la Convention relative aux droits de l’enfant ou la Déclaration de 2016 sur le droit à la paix, et la réalité de terrain reste immense. La mise en œuvre demeure inégale, notamment dans les régions affectées par la guerre, la discrimination ou la pauvreté extrême.
Faut-il alors aller plus loin ? Certains plaident pour une reconnaissance juridique universelle du droit à la paix. Ce projet, encore utopique pour beaucoup, pourrait se traduire demain par la création d’un Conseil pour la paix au sein de l’ONU, capable de traiter la paix non comme une abstraction, mais comme un droit à part entière.
En attendant, le monde n’a d’autre choix que d’agir. Non pas seulement par des résolutions ou des discours, mais par l’incarnation quotidienne des principes de non-violence, de solidarité et de justice. Car comme l’écrit Gandhi, c’est « la loi de l’amour qui gouverne l’humanité ». Et c’est en choisissant la dignité plutôt que la peur, l’éducation plutôt que la haine, que nous construirons peut-être enfin une paix véritable.

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