Aller à l’école est une obligation dans les pays occidentaux. Il s’agit parfois même d’une corvée dont certains enfants aimeraient bien se débarrasser.
L’éducation est cependant un privilège que tous sont loin de partager. Dans le monde, et particulièrement en Inde, l’accès à l’école est complexe. Les jeunes filles sont encore plus en difficulté dans ce pays, où de très fortes inégalités de genre et de classe sont présentes.
L’éducation : un droit fondamental
L’éducation est une porte de sortie hors de la pauvreté et joue un rôle fondamental dans le développement social et économique d’un pays. La formation, et la qualité de cette dernière, sont des enjeux fondamentaux. Dans les sociétés traditionnelles indiennes, l'éducation des jeunes filles a une influence particulière, notamment parce que celles-ci jouent à leur tour un rôle prépondérant en ce qui concerne l’éducation des enfants. Ainsi, éduquer les femmes permet de favoriser la prochaine génération d’enfants. Cela permet une hausse du contrôle des natalités, une meilleure santé des enfants et un revenu plus élevé pour la famille.
Une société traditionnelle
Le droit à l’éducation des jeunes filles reste cependant très compromis en Inde. Ce pays fonctionne selon un système de castes très strict. Les individus sont regroupés dans des groupes sociaux imperméables, en général en fonction de leur profession et de leur classe sociale. Les mariages inter-castes sont extrêmement rares et marginaux. Quant aux enfants se trouvant dans les castes inférieures, ils sont fortement défavorisés et ont peu de chance de sortir de cette situation.
De plus, la société reste très traditionnelle et patriarcale. Les filles sont élevées pour fonder une famille et s’occuper du foyer. Il y a donc peu d’intérêt à les envoyer à l’école. Cette vision reste alors un frein majeur à l’éducation des jeunes filles. En effet, on considère qu’éduquer sa fille revient à « arroser le jardin du voisin », car cela n’apporte rien à la famille d’origine, mais seulement à la famille de l’homme qu’elle épousera.
La présence de la dot dans la tradition joue également dans le fait qu’avoir des filles est dévalorisé. La famille de la jeune fille doit donner de l’argent à la famille du marié, pour que le mariage puisse avoir lieu. Cela influence fortement les familles : elles désirent avoir des fils, afin de pouvoir transmettre leurs biens à la future génération et ne pas devoir donner une partie de leur fortune dans une dot.
Les jeunes filles sont également considérées comme étant de moindre valeur. Il existe des régions dans lesquelles les fillettes sont tuées à la naissance, soit directement, soit par négligence volontaire. L’avortement a encore empiré cette situation avec la pratique de l’IVG sélectif. Cette pratique est aujourd’hui interdite, mais 87% des avortements ont encore lieu sur des fœtus féminin.
Tous ces facteurs ont des conséquences très négatives, car ils créent un déséquilibre important dans le ratio homme-femme. Il y a donc un déficit de femmes en Inde, et celles-ci sont très recherchées par des hommes désirant se marier : « Le déficit d’épouse a (…) favorisé l’apparition de trafic de jeunes femmes, achetées par des intermédiaires à des familles pauvres et revendues à des célibataires. ». De nombreux hommes devront probablement subir un célibat forcé dans les prochaines années, ce qui augmentera la pression sur les jeunes femmes pour qu’elles se marient. Cela risque de nuire à leur accès à l’éducation et au marché du travail dans les années à venir.
Une amélioration possible
La situation n’est cependant pas mauvaise partout, et le pays a connu des améliorations sociales. Les jeunes femmes vivant dans les régions urbaines bénéficient d’une bien meilleure situation et ont accès à des postes de travail valorisant.
Les incitations mises en place par le gouvernement pour faire aller les filles à l’école fonctionnent tout de même : 48% des élèves sont aujourd’hui des filles.
La situation reste cependant inégale dans les différentes régions de l’Inde. Dans l'État de Kerala, au sud du pays, la société est basée sur un modèle matriarcal, ce qui renforce fortement les chances des filles d’avoir accès à une bonne éducation.
Cependant, si certaines jeunes filles reçoivent une formation universitaire, il est courant qu’elles n’utilisent pas les compétences acquises. Lorsque les femmes se marient, il arrive régulièrement qu’elles abandonnent complètement leur vie professionnelle au profit du foyer et des enfants. Ainsi, le niveau de scolarisation est plus élevé que le niveau de femmes ayant une activité professionnelle.
Il reste donc encore beaucoup de changements à effectuer pour que la situation s’améliore vraiment, bien que des progrès aient déjà été faits. Il s’agit d’un enjeu important pour l’Inde, ainsi que pour son développement économique et social dans les prochaines années.
Yasmeen Raggenbass
Bibliographie
Unicef, consulté le 04.11.2022 :
L’association Sruti, consulté le 04.11.2022 :
Cartier Philanthropy, consulté le 04.11.2022 : https://www.cartierphilanthropy.org/fr/partenariats/faire-prendre-le-chemin-de-l-ecole-aux-filles-en-inde
Géo-confluence (ressources de géographie pour les enseignants), consulté le 04.11.2022 :
Commentaires