La violence ne peut être normalisée dans l’indifférence. C’est la lutte des communautés colombiennes déchirées, déplacées et vulnérables. L’entraide, la justice et l’éducation à la paix permettent d’offrir un autre avenir aux enfants. ELOÏSE ORTEGA
Droits d'image : Terre des Hommes Suisse
Malgré l’accord de paix établi en 2016 entre le gouvernement colombien et les forces armées révolutionnaires de Colombie, la Colombie demeure un pays fragilisé par 52 ans de conflit armé interne. Les séquelles subsistent: en proie à divers types de violences exacerbées, la population reste exposée à l’insécurité. Les enfants sont particulièrement vulnérables.
Déplacements forcés
L’écrasante majorité des victimes mineures a été sujette à des déplacements internes dûs au conflit armé.
Conséquence directe des conflits armés, un total de plus de trois millions de personnes dont 520 mille enfants sont enregistrés comme déplacés (1). C’est un prolongement de la chaîne de violence subie en amont et, souvent, après leur déplacement, affectant la qualité de vie, la santé et la sécurité des enfants concernés. Protéger les droits des personnes déplacées représente un défi pour le gouvernement; elles demeurent dans une grande précarité.
S’y ajoute un autre type d’instabilité, plus seulement physique mais émotionnelle, car le tissu social permettant à un enfant de se développer en sécurité est altéré voire dissous. Le résultat des différentes formes de violence subies ou exercées: familles déchirées, morts et disparus. Les enfants soumis à ces déplacements forcés se retrouvent déscolarisés, ce qui met en risque leur droit à l’éducation en plus de leur droit à la protection contre la violence, mais aussi leur droit à la participation aux décisions qui les concernent: trois principes fondamentaux dans l’action de Terre des hommes.
Exploitation des enfants et contrôle du territoire
Diverses forces armées cherchent à établir un contrôle sur les territoires en utilisant la peur et les représailles. Dans ce contexte, les recrutements d’enfants soldats grimpent après la signature de l’accord de paix en 2016, puis augmentent encore avec l’isolement dû à la pandémie dès 2020. De telles violations des droits de l’enfant, pourtant reconnus en Colombie où l’enrôlement militaire n’est autorisé qu’à partir de 18 ans révolus, s’accompagnent souvent d’autres violences telles que les abus et l’exploitation sexuelle, utilisés comme “outils de contrôle du territoire” par une emprise sur la population (2) .
Actions
Le rapport du Comité des Droits de l’Homme publié en 2023 détaille les mesures de réparation destinées aux victimes du conflit prises par le gouvernement colombien. Pour rappel, selon la loi sur les victimes, l’impunité est une forme de violence: protéger et indemniser les victimes est nécessaire pour la reconnaissance de leurs droits et des torts subis. Face à la gravité ainsi qu’au nombre des violations perpétrées, le système carcéral est cependant surchargé à près de 31% de ses capacités (3). Le gouvernement s’engage par ailleurs à la réparation et la non-répétition, ce qui demande des mesures de réintégration dans la vie civile. Toutes ces démarches nécessitent du temps.
Dans ce contexte, Terre des Hommes développe des actions communautaires en collaboration avec des partenaires locaux. C’est le cas dans la banlieue de Cali où vit une importante population déplacée. Pour lutter contre l’engrenage de violence et de criminalité, Terre des hommes soutient avec la fondation CECUCOL l’éducation à la paix par l’accompagnement des enfants dans des activités parascolaires et l’accès à une éducation de qualité. 500 familles et 3’000 enfants bénéficient de ce soutien (4). Favoriser ces initiatives permet d’assurer une éducation et un projet d’avenir pour ces enfants en consolidant une démarche de paix.
ELOÏSE ORTEGA
Bibliographie
1.Humanium [Internet]. [cité 3 nov 2023]. Enfants de Colombie. Disponible sur: https://www.humanium.org/fr/colombie/
2.Bureau international des droits des enfants [Internet]. [cité 3 nov 2023]. Travailler pour les droits de l’enfant en Colombie. Disponible sur: https://www.ibcr.org/fr/article-blogue/travailler-pour-les-droits-de-lenfant-en-colombie/
3.Colombie : le Comité des droits de l’homme salue les efforts menés pour surmonter le long conflit armé intérieur, mais s’inquiète de violations commises à l’encontre de défenseurs des droits de l’homme et de magistrats. Disponible sur: https://www.ungeneva.org/fr/news-media/meeting-summary/2023/07/colombie-le-comite-des-droits-de-lhomme-salue-les-efforts-menes
4.Nos projets en Colombie [Internet]. Terre des Hommes Suisse. [cité 3 nov 2023]. Disponible sur: https://terredeshommessuisse.ch/notre-action/colombie/
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