Nous connaissons tous le cachemire, ce tissu luxueux qui nous permet de nous sentir au chaud et confortable. En revanche, peu d'entre nous connaissent la région d'où il provient - le Kashmir. Depuis août 2019, la santé et l'éducation des enfants y sont mises en péril suite à des conflits politiques coïncidant avec la pandémie COVID-19.
Le Kashmir est une région géographique au sous-continent Indien qui a connu une longue histoire tumultueuse. Cette région est revendiquée par l’Inde, le Pakistan et la Chine, et déclenche plusieurs guerres entre ces voisins. Se situant à proximité des Himalayas, cette région compte une population de 8 millions de personnes.
Jammu et Kashmir - la partie occupée par l’Inde – possédait un statut spécial d’indépendance, qui en août 2019 a été retiré par le gouvernement indien. L'art. 370 de la constitution indienne conférait à cette région un pouvoir de légiférer de manière indépendante et de se doter de sa propre constitution, indépendamment de celle de l'Inde. En parallèle, le gouvernement envoie des troupes militaires, les écoles sont fermées et les moyens de communication éteints. Selon le « Forum for Human Rights in Jammu and Kashmir », les écoles restent inaccessibles pendant 8 mois. Lors de la réouverture prévue, la pandémie frappe et ferme indéfiniment les portes de toutes les écoles.
En raison du télétravail beaucoup d’enfants se retrouvent sans accès à l’éducation. Dans cette région peu peuplée, une moyenne de 27.62% des enfants ont pu avoir accès à une éducation à distance. Si l’on compare avec la moyenne nationale de l’Inde pendant cette période, elle s'élève à 41%. Pourquoi un taux aussi bas à Jammu et Kashmir? Cela est sans doute dû à un manque d’accès aux appareils électroniques et à internet, ce dernier étant exacerbé par la coupure des communications dans la région.
L’écart digital, en plus de perte d’emplois pendant la pandémie, oblige les enfants à travailler afin de subvenir aux besoins de leur famille. Tel est le cas pour les enfants de la région Gujjar-Bakerwal de Kashmir. Cela s’ajoute à un taux déjà faible de scolarité dans la région, ayant 82.5% d’enfants illettrés. Malgré la reprise des écoles en mars 2021, il reste difficile d’assurer une bonne éducation et de garder les mesures sanitaires pour la santé des enfants. Moins d’étudiants peuvent être accueillis et les écoles n’ont pas accès aux désinfectants pour se protéger.
La combinaison de la pandémie et du confinement de Kashmir a aussi pour conséquence une atteinte de la santé de la population. L’OMS recommande 1 médecin pour 1000 personnes alors que dans la vallée on se rapproche d’un ratio de 1 : 2000. De plus, il n’y a que 6 lits d’hôpital pour 10'000 habitants. L’accessibilité de soins est aussi amoindrie pour les populations rurales du fait que les centres de santé se retrouvent au centre à Srinagar. L’occupation militaire impose des couvre-feu et empêche des ambulances de passer. De plus, les transports publics ne sont plus fréquentés puisqu'on les a arrêtés, et l'accès aux routes avec les véhicules civils est restreint. L'accès aux soins est rendu par conséquent plus difficile.UNHCR et The Lancet expriment une inquiétude sur l’impact du siège sur la santé et les soins, et incitent le gouvernement indien à lever ces contraintes. La pandémie entraîne une demande d'accès aux hôpitaux plus importante dans une région qui se trouvait déjà en difficultés sur le plan médical suite aux instabilités politiques. Ce confinement de Kashmir entraîne une fermeture des centres de Médecins Sans Frontière en 2019.
Néanmoins, nous voyons que des mesures prises pour améliorer la santé et l’éducation des enfants dans la région sont mises en place. Un projet visant à faire des téléconsultations pour Kashmir est en élaboration. De plus, le gouverneur de Jammu et Kashmir annonce une bourse spéciale pour les enfants ayant perdu leurs parents pendant la pandémie. Ces bourses soutiendront financièrement les enfants afin d’éviter le décrochage scolaire.
Aujourd’hui, nous constatons donc que les mesures prises par le gouvernement se focalisent entre autres sur les enfants. Les autorités l’ont bien compris: pour améliorer la condition de vie d’une région, l’éducation est l’investissement le plus rentable. Finalement, est-ce que le droit des enfants au Kashmir, bien que longtemps bafoué, verrait-il un futur plus heureux arriver? Malheureusement, seul l’avenir répondra à cette question.
Minaa Nawab
08 Avril 2022
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