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Les jeunes dénoncent le non-respect de leur environnement, Bolivie

En 2021, Terre des Hommes Suisse a réalisé un projet en Bolivie où des enfants deviennent éco-journalistes. Par des ateliers, ils s'instruisent sur le journalisme, la photo et le respect de l’environnement. Puis, grâce à des appareils professionnels et les connaissances acquises, ils photographient des problématiques environnementales dans leur communauté pour réaliser un documentaire.

VERONICA GOELZER



Un nouveau Droit Humain

Il existe une multitude de droits humains reconnus par les instances et traités internationaux tels que la Convention européenne des droits de l'homme et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Ces listes ne sont en aucun cas exhaustives, puisqu’avec l’évolution de la société et des mœurs, de nouveaux droits humains peuvent se manifester. Tel est le cas du “droit à un environnement sûr, propre, sain et durable”; qui a été, en 2021, officiellement reconnu comme un nouveau droit humain par le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies. Suivi en juillet 2022 de la reconnaissance par tous les États membres de l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce droit touche une problématique qui n’a que récemment été mise en avant aux yeux de la société; l’état de la planète.

Les droits humains sont perméables, ils existent tous “les uns dans les autres”. Si nous regardons l‘art. 7 Déclaration Universelle des Droits de l’Homme énonçant, “Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi.”, nous remarquons qu’il reprend l’art. 1 de cette même déclaration “Tous les êtres humains naissent libres et égaux”. Cela peut mener à se poser la question de l’utilité de cet art. 7, un peu redondant. Si l’on veut pouvoir se concentrer sur la garantie et le respect spécifique d’un droit, il doit être énoncé, pour que des instances le reconnaissent, et mettent des efforts concrets dans ce droit particulier. Chaque droit doit être individuellement nommé, exister par lui-même et avoir sa propre définition. En fait, en existant, il permet par exemple aux individus de se prévaloir plus facilement de ce droit précis lors d’un recours.

La semaine des droits de l’enfant

Cette année lors de la semaine des droits de l’enfant organisée par Terre des Hommes Suisse UNIGE, le droit mis en avant est justement le nouveau “droit à un environnement sûr, propre, sain et durable”. C'est un droit qui semble abstrait et plutôt dur à assimiler. De plus, il est récent et n’a pas eu le temps d’être beaucoup employé. Lors d’une session au siège de TdH Suisse, nous, membres de la TdH Suisse UNIGE, avons visionné une courte vidéo sur un projet de l’association en Bolivie. Celui-ci permettait à des adolescents de comprendre ce droit par un atelier participatif de photojournalisme. En le découvrant et en écoutant les témoignages des enfants, nous avons pu mieux comprendre cette thématique. Personnellement, j’ai apprécié voir les ressentiments des enfants et j’ai trouvé que c’était important de vous présenter ce projet.


Enfants éco journalistes

Dans le cadre du programme d'éducation pour le développement durable et solidaire que l'association TdH Suisse présente en Bolivie, a créé :

“Niñas y niños eco periodistas : nuestro medio ambiente, un asunto de derechos urgente.”

qui se traduit par “Filles et garçons éco-journalistes : notre environnement, une question urgente de droits”. Le but était de faire comprendre aux adolescents leur “droit à un environnement sûr, propre, sain et durable” par la réalisation d’un article de journal. Par des activités, ils se rendent compte de l’état écologique de leur entourage et trouvent des solutions pour l’améliorer.


Au total, 35 jeunes entre l’âge de 14 et 16 ans, ont été formés dans cinq villes boliviennes : La Paz, Cochabamba, Sucre, Potosi et El Alto. L’organisation s’est rassemblée avec d’autres fondations, des professionnels et une équipe de journalistes.


En premier lieu, intervient une partie d’apprentissage où les adolescents se sont plongés dans l’univers du journalisme par des activités didactiques, notamment en groupe. Les jeunes ont appris à devenir journaliste. C'est-à-dire qu’ils ont participé à des ateliers d’écriture, appris à interviewer et faire un reportage. Ils ont aussi étudié le photojournalisme, les différents plans de photo et la focalisation de l’image tout en apprenant le langage de la photo.

Un autre angle abordé était celui de l’écologie. Les jeunes enfants ont été éduqués par rapport au respect de la planète et de l’environnement, à prendre soin des espaces communs, pratiquer le droit collectif à la vie et la santé, et enfin respecter la nature en tant qu'être vivant.​


Ensuite, du matériel de photographie utilisé par des journalistes professionnels a été remis aux enfants. Ils devaient prendre des photos dans leur quartier pour exposer les problèmes rencontrés autour de la thématique de l’environnement sain, puis trouver une résolution pour améliorer la situation. Parfois, une résolution avait déjà été prise par la communauté et donc ils expliquaient la situation dans laquelle se trouvait leur quartier et comment ils ont remédié aux problèmes. Ils ont appris à raconter leur histoire à travers des photos. Avant de se lancer dans la photographie, les jeunes avaient dû trouver une thématique sur laquelle baser leur documentaire, la présenter aux autres jeunes et en discuter.


Le quartier de Cristian Maldonado Flores

Ce jeune éco journaliste nous raconte dans son documentaire, la problématique des déchets dans sa municipalité à Arbieto du Valle Alto de Cochabamba. C’est une communauté créée il y a 40 ans, qui est assez précaire, mais remplie de créativité et de détermination pour s’organiser. La gestion des déchets est très mal organisée ; il existe un camion qui ramasse les poubelles. Seulement, ce dernier ne passe pas dans tout le village et personne ne sait quand il vient. Les conséquences sont que certains brûlent leur poubelles, d’autres les jettent dans la rue ou la rivière. Cela est extrêmement dangereux pour la santé humaine, et néfaste pour l'environnement qui est pollué.

Pour remédier à cette situation, la mairie, le conseil scolaire et l'organisation territoriale de base se sont réunis en collaboration avec l’entreprise de recyclage. Ensemble, ils ont organisé une foire du recyclage où les habitants recevaient une rémunération par quantité de déchets ramenés à l’entreprise. Le fait de savoir que le recyclage et la bonne gestion des déchets peut être une source de revenu, a poussé les habitants à nettoyer le quartier et a remédié à leur problématique. L’école et la mairie promeuvent autant que possible ce nouveau système, pour que toute la communauté soit au courant et y participe. Après avoir ramassé les déchets et les avoirs mis dans des gros sacs, ils sont amenés à l’école où l’entreprise vient les chercher. Elle reverse ensuite la somme associée à l’école qui en conserve une partie et redistribue l’autre à ceux qui ont ramassé les déchets.

Grâce à cette démarche, Cristian est conscient de l’importance de la gestion des déchets, il se sent fier d’avoir participé à documenter ce processus.



Photo de Cristian Maldonado Flores, où l’on voit la gardienne de l’école s’occuper des sacs ramassés.


Conclusion

Par cet atelier les jeunes se cultivent, puis ils peuvent à leur tour apprendre à leur entourage ce qu’ils ont appris. Ils sont mis sur un pied d'égalité avec les adultes, étant donné qu’ils ont acquis les capacités nécessaires et qu’ils se sont vus attribuer le matériel pour réaliser un documentaire professionnel. Ils développent un esprit critique et se mettent dans une position où ils peuvent non seulement dénoncer les problèmes, mais apporter leurs propres solutions. Ils ont compris que leur droit à un environnement sain n’était pas respecté et ils ont pu photographier les problèmes rencontrés pour les améliorer. Les enfants étaient tous très heureux d’avoir pu apprendre à un jeune âge une branche qui ne leur serait accessible qu’à un haut niveau de scolarisation. Cet atelier nous démontre que les enfants ont le potentiel, l’envie et les qualités pour apprendre et s’impliquer dans leur travail comme des vrais journalistes. L’état de leur environnement les intéresse et ils sont prêts à prendre des mesures pour agir à leur échelle.




Bibliographie

  • HumanRights.ch, consulté le 11 avril 223

  • Conseil des droits de l’homme, consulté le 20 avril

  • Convention européenne des droits de l'homme

  • Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

  • Documents de Terre des Hommes Suisse

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