Malgré l’existence de textes internationaux concernant les droits de l’enfant et le handicap, de nombreuses inégalités persistent de facto. Dénonçant cette situation, diverses associations s’engagent en faveur des enfants en situation de handicap et pour favoriser la pratique d’activités sportives.
En 2017, le footballeur Neymar Jr a fait sensation en tirant des ballons depuis la Broken Chair, à Genève. Il devenait à l’occasion ambassadeur de Handicap International, une ONG de promotion des personnes en situation de handicap. Ces dernières forment un groupe de la population marginalisé, dont les chiffres sont impressionnants. Selon l’Organisation des Nations-Unies (ONU), 10 % de la population mondiale - 650 millions - sont en situation de handicap et cette statistique est en augmentation.
Importance du sport
La pratique du sport est recommandée à tous les niveaux institutionnels (organisations internationales, ONG, gouvernements, associations, milieu médical et social) et à tous les groupes sociaux, dont particulièrement les enfants et les personnes en situation de handicap. D’ailleurs, des études en France démontrent que le risque d’obésité ainsi que ses conséquences sont trois fois supérieurs pour les personnes en situation de handicap que pour le reste de la population. La promotion du sport paraît alors d’une logique absolue pour cette partie de la population.
Outre la part sanitaire, la pratique d’activités physiques favorise le développement personnel. Elle permet de lutter contre le phénomène d’isolement et de mal-être, qui peut être présent et traumatisant durant l’enfance, notamment chez les personnes en situation de handicap. Le sport s’avère donc être une évidence dans l’encouragement au développement et à la vie sociale.
Vivre-ensemble et inclusion
Le “vivre-ensemble” est un concept politique et sociologique majeur. Encouragé par de nombreuses personnes politiques, il valorise l’essence-même d’une société agréable et inclusive. Si cette utopie reste souhaitable et doit guider les politiques publiques, la réalité semble bien plus douloureuse : socialiser quand on porte une déficience rend les interactions bien plus difficiles et mène à l’isolement social. La socialisation primaire, soit la période de l’enfance et de l’adolescence où l’on crée ses relations sociales et développe ses valeurs, est essentielle. Bien que le rôle de l’entourage des enfants soit important, les associations accompagnant les enfants, particulièrement en situation de handicap, resteprimordiale. En effet, elles permettent aux enfants de socialiser avec leurs pairs et de s’épanouir.
Conventions en matière de handicap et des enfants
Les ONG sollicitent d’ailleurs souvent la Convention relative aux droits de l’enfant. Cette dernière aborde quatre principes essentiels : le droit à l’égalité, le droit au respect de l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit à la vie et au développement et, enfin, le droit de faire entendre son avis et de participer. Tous ces droits doivent donc se traduire dans la pratique du sport ou d’activités sportives de tout un chacun. Ses articles 23 alinéa 1 et 31 alinéa 1 sont majeurs :
“Les États parties reconnaissent que les enfants mentalement ou physiquement handicapés doivent mener une vie pleine et décente, dans des conditions qui garantissent leur dignité, favorisent leur autonomie et facilitent leur participation active à la vie de la collectivité” et “Les États parties reconnaissent à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique”.
En résumé, le droit international prévoit que les États reconnaissent le droit de l’enfant à pratiquer des activités sportives.
De plus, la Convention relative aux droits des personnes handicapées, conclue en 2006 à New-York, prévoit, entre autres, à son article 5 lettre a :
qu’(a)fin de permettre aux personnes handicapées de participer, sur la base de l’égalité avec les autres, aux activités récréatives, de loisir et sportives, les États Parties prennent des mesures appropriées pour : encourager et promouvoir la participation, dans toute la mesure possible, de personnes handicapées aux activités sportives ordinaires à tous les niveaux (...).
Ainsi, ces instruments sont capitaux pour réduire les inégalités qui frappent en particulier les enfants en situation de handicap
Situation en Suisse
La Suisse a ratifié que tardivement la CDPH, soit en avril 2014. Souvent critiquée pour sa législation et sa politique d’intégration des personnes en situation de handicap, cette dernière terne son image. Pourtant, beaucoup d’ONG œuvrent chaque jour en faveur des enfants et des personnes en situation de handicap. Ainsi, la Fondation Sport-Up favorise la pratique du sport auprès d’enfants et d’adolescents en situation ou non de handicap. Elle promeut et concrétise des valeurs d’intégration et des activités sportives. L’AS Fair-Play, quant à elle, favorise depuis plus de 32 ans la pratique du sport chez les personnes en situation de handicap à Lausanne. Elle propose 20 activités sportives hebdomadaires à plus de 280 membres de tout âge et de tout niveau.
Enfin, il paraît essentiel de parler de l’Association sportive Schtroumpfs Genève. Cette dernière a pour but de promouvoir l’intégration des personnes en situation de handicap à travers le sport. Depuis 1979, elle propose diverses activités sportives, dont la pétanque, la natation, le cyclisme et le football à ses membres. Chaque année, lors du week-end de Pentecôte, des équipes composées de personnes en situation de handicap de toute l’Europe se réunissent à Bernex pour participer à un grand tournoi de football. Une ambiance conviviale, sportive et fair-play entoure cet événement qui réunit de nombreuses personnes : joueurs et joueuses, bénévoles, politiques et spectateurs et spectatrices. Durant le temps d’un week-end, les handicaps s’effacent pour mettre en avant ce qui nous réunit toutes et tous : l’humanité.
Benjamin Rosenbaum
4 avril 2022
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